Ecrire est une pratique qui, chez moi, va de pair avec la lecture. Dès que j’ai commencé à lire, l’envie de créer mes propres histoires et de m’approprier les mots que je ne maîtrisais pas encore m’a habitée. Mes premiers écrits ont pris la forme de poèmes dédiés aux gens que j’aimais. Je garde précieusement dans un cahier ces vers de la petite fille de 9 ans que j’étais alors.
Est venu le temps de la préadolescence, avec ses malaises, ses craintes et ses frustrations. J’étais une jeune fille mal à l’aise, extrêmement timide et plutôt angoissée. Ces troubles, à la limite du pathologique, m’ont empêché de profiter des quelques années d’insouciance qu’offre le collège. J’étais aussi en proie à un ennui chronique. Je me suis alors plongée dans l’écriture de mon quotidien, en mieux. J’ai fait naître sur les pages de mes cahiers une réalité alternative où j’étais moi tout en étant différente : plus jolie, plus sûre de moi, plus intéressante … Chaque jour je réécrivais ma journée comme j’aurais aimé qu’elle se passe.
L’entrée au lycée a rendu ma vie un tant soit peu plus digne de mon propre intérêt. Je suis devenue moins assidue à réinventer mon quotidien, sans néanmoins perdre ce réflexe un peu étrange : quand les choses ne se passaient pas comme je l’avais espéré, j’écrivais tout simplement quelques pages où les évènements se déroulaient selon mon goût. Manière de palier la réalité parfois décevante.
C’est une période de mon existence où j’ai, en revanche, énormément lu. A la fin de chaque livre, j’étais soit très triste qu’il se termine, soit très frustrée par une fin qui ne me convenait pas. Je suis alors entrée dans ma grande période des fanfictions. J’en ai beaucoup écrit, j’en ai énormément lu et ça a vraiment été une phase formatrice en termes d’écriture. Pour la première fois, j’ai achevé des travaux d’écriture et je les ai fait lire à des gens que je ne connaissais pas. J’étais heureuse car c’était un moyen de prolonger des lectures que j’avais adorées et de modifier des éléments qui m’avaient déçue.
Et puis un jour, quelqu’un qui m’est cher m’a dit « Mais si tu es si triste de finir un roman, pourquoi tu n’en écris pas un toi-même ? L’histoire ne s’achèverait jamais puisque tu pourrais la continuer à volonté ». Première prise de conscience.
A la fac j’ai eu la chance de suivre un atelier d’écriture, animé par une dame formidable qui m’a appris à aiguiser mes techniques et mon style, qui a porté un regard très objectif et professionnel sur mon écriture. Elle n’a pas toujours été tendre et je l’en remercie car c’est ce qui m’a permis de progresser. Cet atelier m’a poussée à entreprendre des travaux que je n’osais imaginer : émancipée de l’univers connu et réconfortant des fanfictions j’ai dû écrire des nouvelles dans des mondes inventés de toute pièce par mon imaginaire. Passé le vertige de cette écriture sans filet, je m’y suis mise et j’ai adoré ça !
Et puis il y a LE projet sans titre, qui m’occupe depuis des années, celui d’un roman à moi. Projet qui me fait trépigner d’excitation et en même temps me terrifie au plus haut point. Je n’ai pas vraiment de recul sur ce que j’écris et j’ai du mal à me jauger objectivement. Aussi une question me taraude « Est-ce que ça vaut vraiment la peine d’y consacrer autant de temps ? Et si c’est totalement nul ? ». Néanmoins j’ai promis à quelqu’un que je le terminerai. J’ai déjà rédigé douze chapitres et je ne désespère pas de le boucler un jour pour pouvoir passer à autre chose dans ma tête.
En préparant cet article je me suis rendu compte que mon rapport à l’écriture était essentiellement lié à un besoin de modifier, de rectifier la réalité et finalement ça ne m’étonne pas car c’est aussi ce qui motive mes lectures, une nécessité de rendre le réel plus attrayant.
Je n’ai pas de besoin viscéral d’écrire. Je peux passer des semaines sans poser un mot sur papier. Mais écrire, c’est vraiment quelque chose qui me plaît et je ne suis vraiment satisfaite et comblée que quand je travaille à des projets d’écriture. J’ai toujours un carnet dans mon sac pour noter des idées, des bouts de phrases.
Je ne prétends pas écrire bien (ne vous méprenez pas sur le fond de cet article), mais j’aime cette activité. J’aime le pouvoir que cela confère : quand on écrit, on est le dieu du monde que l’on créé. J’aime inventer des personnages, les rendre crédibles, vivants et procurer des émotions. J’aime utiliser les mots comme les fondements, les murs d’un château-livre. Alors pourquoi m’en priver ?
J’espère que cet article un peu différent et plus personnel ne vous aura pas déplut. Je l’ai écrit pour vous présenter mon rapport à l’écriture et mes expériences avant de vous proposer quelques petites choses. Premièrement, j’ai gardé de l’atelier pas mal de petits exercices d’écriture rigolos, faciles mais qui permettent néanmoins de travailler son style. J’aimerais les partager avec vous et pourquoi pas publier les résultats si cela vous tente.
Enfin, j’hésite à poster ici mes nouvelles. J’ai envie qu’elles soient lues plutôt qu’elles dorment perdues dans mes dossiers et je ne suis pas contre des retours et des avis. Mais je ne sais pas si cela vous intéresserait. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaire 😉
Et vous ? Quel est votre rapport aux mots ?