La fin de Magic Mirror ?

En Septembre cela fera trois ans. Trois ans ! Trois ans que j’ai donné vie à cette idée un peu délirante d’une maison d’édition indépendante, spécialisée dans les contes et ses réécritures. Alors que j’étais seule, sans un sous et totalement inexpérimentée en matière d’édition, mon master en imaginaire littéraire étant bien trop théorique. Qu’à cela ne tienne, à cœur vaillant point de barrière ! J’ai appris sur le tas, je me suis formée, j’ai trouvé des fonds, j’ai travaillé comme une damnée et Magic Mirror éditions est né. Dans l’appréhension, la sueur et la poussière de fée.

Très vite, ce petit rêve devenu réalité a fédéré des lecteurs autour de lui et des auteurs nous on fait confiance, m’ont fait confiance. Six merveilleux romans ont été édités. Pourtant, je rougis un peu quand je regarde les catalogues de mes confrères éditeurs qui se sont lancés à peu près en même temps que nous. Six parutions en trois ans, c’est quand même peu. La faute au manque de temps. Et une certaine exigence en matière de manuscrits, je plaide coupable. Mais au temps surtout. Très vite après la parution de Ronces Blanches et Roses Rouges je suis devenue libraire à plein temps. Je suis désormais bibliothécaire, mais le problème reste le même : je manque de temps, et d’énergie. Le comité de lecture m’aide à choisir les textes et depuis peu aux relectures, mon mari m’aide pour la comptabilité et pour la gestion des différents sites web, pour le reste je suis seule. Les relations avec les libraires, les auteurs, les blogueurs, les différents intervenants (illustratrice, correcteurs …), le travail sur les textes, la promotion, la présence sur les réseaux, la logistique, l’envoi des commandes, le SAV … Être éditeur ce n’est pas un passe-temps du week-end, on ne peut pas se permettre de faire les choses à moitié. Alors quand on doit jongler avec un job à plein temps à côté, ça devient vite très compliqué.

Et si je dois travailler c’est tout simplement car je ne tire aucun salaire de Magic Mirror depuis son lancement.

J’ai envie de sourire à la Sandy si naïve d’il y a trois ans. Lui dire qu’elle va en baver.

Qu’elle va se confronter à des auteurs mécontents, à des lecteurs parfois méchants sur les réseaux sociaux. Qu’elle va s’arracher les cheveux à cause de La Poste qui perd ou abîme les colis et aux lecteurs qui s’en prendront à Magic Mirror. Qu’elle va passer des nuits blanches entre deux journées de travail pour terminer des maquettes dans les temps. Qu’elle va devoir se battre pour faire vivre ses convictions. Qu’elle va avoir peur parfois et être épuisée, souvent. Qu’elle va se sentir coupable quand elle va faillir. Qu’elle va scruter chaque mois les statistiques de ventes en se rongeant les ongles. Qu’elle va donner tout ce qu’elle a en réserve. Qu’elle parviendra toujours à payer ses factures, parfois à un euro près.  Mais qu’elle ne vivra certainement pas de cette activité.

Jusqu’à présent je m’accommodais assez bien de ça. La boutique tournait tout de même, les ventes permettaient de financer les prochaines parutions, c’était l’essentiel. Et puis, il y a quelques mois, nous avons franchi un cap. La trésorerie est descendue si bas qu’envisager la prochaine sortie (dont le titre est vraiment chouette pourtant) est compromis. Et ça me fait mal au cœur de rédiger ces mots, parce que Magic Mirror, c’est mon bébé. Et je veux qu’il grandisse.

A vrai dire, je ne sais pas ce qui cloche. Mon obstination à imprimer un stock ferme et ne pas passer par la POD, beaucoup moins risquée ? Peut-être que je ne passe pas assez de temps à entretenir les relations libraires ? Peut-être que je devrais revoir nos plans de communication ? Peut-être que le sujet des contes de fées n’intéresse pas les foules et que nous avons déjà touché tous les lecteurs potentiels ? Je ne sais pas. Surement un peu de tout ça.

Vous êtes nombreux à m’avoir proposé votre aide au fil du temps. J’ai toujours décliné. En tant qu’entreprise je me voyais mal vous demander de travailler bénévolement pour le Miroir. Et en même temps il m’était impossible de vous rémunérer.

Pourtant, c’est le moment. Magic Mirror est dans un virage, un sacré tournant et pour ne pas rater sa trajectoire je suis convaincue que je ne dois plus être le seul passager à bord. Si je m’acharne sur ce projet depuis trois ans sans y gagner quoi que ce soit c’est bien parce que j’ai envie qu’il continue d’exister. C’est avec ce cheminement de pensée que j’en suis venue à la conclusion suivante : Magic Mirror doit changer pour un statut qui lui correspond davantage.

Au mois d’août 2019, Magic Mirror deviendra donc une association. Voilà c’est dit.

Pour être tout à fait honnête, cela nous permettra dans un premier temps de ne plus avoir à payer les charges d’entreprise qui nous pèsent et, a contrario, de pouvoir bénéficier de plusieurs subventions.

Dans un second temps, ce changement va permettre de pouvoir engager des bénévoles. Ne plus être seule va me permettre de déléguer certaines tâches pour mieux me consacrer à d’autres et MME sera toujours vivante les moments où moi je flancherai. Je brûle d’envie que cette aventure un peu intimiste devienne un projet collectif. L’intégration de nouvelles personnes dans l’équipe permettra d’apporter des regards neufs, de nouvelles idées et un certain renouveau.

Vous l’avez compris, ce changement n’est pas un échec mais un tournant positif dans la vie de la maison d’édition. Cela ne signifie en rien que je lui accorde moins d’importance : au contraire, en multipliant les compétences au sein de l’équipe nous lui donnons toutes les chances de grandir comme elle le mérite.

Je suis actuellement noyée sous la paperasse administrative pour le changement de statut, c’est pourquoi Magic Mirror est un peu plus discrète sur les réseaux en ce moment. Mais restés connectés, dans les semaines et les mois à venir les projets devraient de nouveau s’enchainer !

Si j’avais dis toutes ces choses à la Sandy d’il y a  trois ans, je n’aurais pas pu m’empêcher de lui confier qu’en dépit de tout cela, elle allait découvrir des textes extraordinaires et participer à les rendre accessibles aux lecteurs. Qu’elle allait apprendre beaucoup de choses. Qu’elle allait grandir et prendre confiance en elle. Qu’elle allait vivre des moments exaltants, mais surtout qu’elle allait rencontrer des personnes merveilleuses qui marqueraient sa vie. Et je suis certaine qu’elle se serait tout de même lancée dans l’aventure.

Merci à vous, qui suivez mes pérégrinations depuis si longtemps. Merci pour votre soutien sans faille, vos messages et vos mots qui donnent la force autant que le sourire. Et si jamais quelqu’un veut me rejoindre de l’autre côté du miroir, qu’il me fasse signe :). Ce n’est pas la fin de Magic Mirror, ce n’est qu’une renaissance.

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