Lenteur & merveilles, Le Faiseur de Rêves, part. 1

Il m’arrive souvent de craquer pour des livres sans avoir réellement lu le résumé. Il suffit que le titre et la couverture m’attirent assez pour qu’ils rejoignent ma Pile à Lire. C’était presque le cas avec Le Faiseur de Rêves de Laini Taylor, si ce n’est la maison d’édition qui m’imposait une certaine réticence (j’ai plus souvent été déçue que charmée par Lumen). Il aura fallut un coup de coeur de Flava (@flava.s.triskan sur instagram) pour que je me décide à me procurer ce roman et à plonger dans son univers.

Le Faiseur de rêve, premier tome d’une duologie, est un texte compliqué à résumer sans spoiler. Aussi je me contenterai de vous dire que l’on suit l’histoire de Lazlo et de Sarai. Le premier est un bibliothécaire rêveur qui se passionne pour une cité disparue et la seconde est une déesse à la peau bleue coincée dans une citadelle (presque) déserte. L’intrigue s’attache à raconter la manière dont ces deux destinées vont se heurter, s’entremêler et ce qui résultera de cette rencontre.

Un début en demi-teinte

Le début du roman est très (très) contemplatif, ceci dit j’aime la plume que je trouve belle et poétique (d’autant plus pour une traduction), j’accroche bien avec l’univers et surtout je m’attache à Lazlo, le personnage principal (qui s’avère être une sorte d’Ophélie de la Passe-Miroir au masculin), alors je plonge dans ce pavé. Mais je suis forcée de constater que bien vite je m’ennuie. Je m’ennuie beaucoup. Je trouve ça très très lent et j’ai l’impression que l’on brode pour faire traîner en longueur.

Ce qui m’agace le plus c’est le faux mystère. Que se passe-t-il autour de cette ville enfouie dans le désert où Lazlo se rend en compagnie de scientifiques et autres experts triés sur le volet par des émissaires de la cité ? Cette question occupe une bonne moitié du livre. Mais on pourrait facilement avoir la réponse : certains personnages sont au courant mais ils préfèrent garder le secret pour que les autres découvrent ce qu’il en est de leur propres yeux.

Outre l’excuse facile et les personnages à la curiosité ma foi bien docile, on se sent enflé en tant que lecteur. Comme si l’aventure de l’intrigue consistait à attendre patiemment qu’ils aient traversé ce fichu désert pour enfin comprendre ce qu’il se passe. Parce que c’est ce que font les protagonistes, ils attendent sans poser de questions. L’angoisse.

A mes yeux une bonne intrigue ne repose pas sur “faire en sorte que le lecteur ne comprenne rien et découvre subitement ce qu’il se passe à la fin”. Heureusement ce souci ne concerne que la première partie. Mais du coup la première moitié m’a semblé très creuse en plus d’être lente. On brode pour broder et j’ai maintes fois manqué d’abandonner.

Un récit intelligent

C’est d’autant plus dommage que la suite est merveilleuse. Une fois la cité atteinte, l’intrigue se déploie. Elle est douce, belle, onirique et déchirante. Elle est intelligente aussi. La figure du héros (au sens large du terme) est mise à mal avec des questionnements moraux extrêmement pertinents. Finalement c’est quoi, être un héros ? Agir au nom du bien permet-il de tout faire ? On peine à se décider sur les méchants de cette histoire, on ne sait quel camp choisir. Les menaces grondent et jusqu’au bout on se demande comment Lazlo et Sarai vont bien pouvoir s’en sortir. Quel sera le prix à payer. Et au coeur de la tourmente, on trouve des scènes au charme incroyable qui retracent la rencontre de ces deux âmes avec une certaine pudeur et un je-ne-sais-quoi de magique.

Cette histoire d’amour me fait encore rêver des semaines après avoir refermé l’ouvrage. Outre le fait que Lazlo n’ait rien d’héroïque de primes abords, Sarai le trouve presque moche quand elle le voit la première fois, puis elle apprend à le connaître et découvre son amour comme sa beauté. Elle ne tombe pas sous son charme au premier coup d’oeil et c’est tellement rafraichissant pour du Young Adult !

Mes personnages préférés ? (attention je spoile un tout petit peu du coup) Eril-Fane, héros incontesté de la cité, qui a tué des enfants pour sauver son peuple et doit vivre avec ça, et Minya qui a sauvé des bébés du carnage mais s’est transformée en monstre de vengeance et de cruauté.

J’aime aussi beaucoup la figure de Thyon Nero et la rigueur maladive cachée sous l’or de sa naissance.

En définitive ? Heureusement que j’ai confiance dans les goûts de Flore et que je n’ai pas lâché :p. C’est un roman qui met du temps à démarrer mais qui, ensuite, ne se lâche plus et qui soulève des questions et des thématiques passionnantes. Le mystère qu’il cache est fascinant, l’histoire d’amour tout en douceur, les personnages fonctionnent à merveille.

Voilà pour mon avis, si vous voulez en savoir plus sur ce roman, je vous invite à lire la partie deux de cette chronique, consacrée à l’analyse du réseau de symboles (mais je vous conseille de l’avoir lu du coup, je spoile sans vergogne !)

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