Je me souviens encore quand j’ai débarqué sur la blogo littéraire il y a 6 ou 7 ans. Je cherchais à réaliser une photo de couverture originale pour ma vidéo sur La Belle et la Bête et je suis tombée sur le tuto de La Parenthèse Imaginaire. De là j’ai découvert le blog et, fascinée par ses articles de qualité et ses photos sublimes, je ne l’ai plus jamais lâché.
A tel point que quand le premier titre de Magic Mirror, Ronces Blanches et Roses Rouges, est sorti, j’ai tenu à ce que Charlotte, la blogueuse derrière La Parenthèse imaginaire, en reçoive un exemplaire. Voir un des livres que j’avais édité mis en scène et photographié par Charlotte dont j’admirais tant le travail, c’était un petit rêve.
Quelle ne fut pas ma surprise quand, quelques années plus tard, le comité de lecture MME a reçu un manuscrit signé par Charlotte. Nous sommes plusieurs admirateurs de La Parenthèse imaginaire derrière le miroir et nous avons tous eu la même réaction : une oscillation entre le « Omg c’est géniaaal ! » et le « Omg, et si ça nous plait pas ? ».

Peu de suspense : si le livre est édité, c’est qu’il a su nous séduire ;). Et pour cause ! Charlotte nous entraine dans un royaume mystérieux, emprisonné sous un dôme de verre et régit par une sorcière couronnée, aussi effrayante que cruelle. On y découvre alors trois chemins, trois destinées bouleversées.
Neieli, belle-fille de la reine qui doit fuir le château après avoir échappé à une tentative de meurtre. La petite princesse, brimée par sa marâtre mais tout de même habituée au confort de la vie de château va être confrontée à la réalité parfois misérable de son peuple. Jusqu’à rejoindre la résistance, menée par des nains à la réputation sanguinaire …
Des trois héroïnes, c’est celle qui me touche le plus. Je sais qu’elle en a agacé certains au comité mais moi, son petit côté princesse précieuse, j’ai adoré ! J’ai surtout aimé la voir évoluer, plongée dans la boue et la peur. Elle doit affronter l’image qu’elle se faisait de sa vie, du règne de sa belle-mère, du quotidien du peuple … Elle est tellement touchant drapée dans sa naïveté un peu hautaine !
Et puis, il y a Chaneh. Dont la famille a été décimée et qui est recherchée par la reine. En s’enfonçant dans les bois pour fuir les sbires de Saakat, elle va être prise en chasse par une créature plus dangereuse encore … Celle qui cache son visage sous un chaperon imbibé de sang croisera les chemins des deux autres héroïnes sans pour autant réussir à s’écarter de sa sombre destinée.
Enfin, il y a Aylis, la petite orpheline qui, en suivant un étrange lapin blanc dans un trou sous le dôme se trouve propulsée à Mirabilia, un royaume étrange, reflet déformé de celui dans lequel elle a grandi. Là-bas, les illusions sont légion, une voix parle dans sa tête, les pâtisseries sont empoisonnées et une autre reine, coquette, gourmande et terrible, cherchera sans relâche à connaître son nom de naissance pour pouvoir l’ensorceler.
En suivant l’aventure d’Aylis, j’ai été moi-même fascinée par l’esthétique de Miribilia : ces fleurs qui épient les moindres gestes, ce labyrinthe vivant à en devenir fou, cette cour aussi glaçante que loufoque …

Si vous êtes observateur, vous avez déjà remarqué que c’est le premier roman que nous publions qui revisite trois contes. Certes, certains comme La Bête du bois perdu, portaient d’autres récits en leur sein, mais Le Royaume Sans Ciel est le premier qui revisite ouvertement trois contes. Et ce n’était pas gagné : jusqu’à maintenant, en cinq années de réception de manuscrits, nous avons reçu beaucoup de textes de ce type mais ils n’ont jamais passé l’étape du comité. Parce qu’écrire sur plusieurs contes et faire en sorte que tout soit cohérent sans tomber dans les facilités, ce n’est pas si simple !
Mais Charlotte s’en sort avec un brio remarquable. Son intrigue est bien construite et son récit mené d’une main de maître ! Je ne vais pas vous parler de la plume : elle est douce, belle, colorée et si bien imagée qu’on se retrouve sans effort avec les scènes qui se dessinent dans notre imaginaire. C’est prenant, c’est poignant, mais c’est surtout la construction de l’histoire même qui est brillante. Les sentiers des personnages s’entrelacent, s’entremêlent et se croisent sans artifice, pour un plaisir jubilatoire à la lecture.
J’aime tout ce de roman : sa construction intelligente, ses personnages attachants, ses décors grandioses, son côté sombre aussi, ses jeux de miroirs et de reflets, les réflexions qu’il soulève …

Bref, je l’aime ce dixième bébé MME <3
Il sort demain et ça se passe ici 😉
NB : notre imprimeur à un souci sur sa chaine de prod, du coup nous on a pas reçu nos exemplaires à l’avance, du coup pas de photo du livre, voilà, voilà …